dimanche 17 mars 2024

 



Jean-Pierre VIDAL, aiglier de longue date, nous a quitté hier soir entouré de sa famille. Il était un ami très cher. Créateur du Parc de COURZIEU, il était visionnaire en affichant des choix déterminés. La zoologie générale laissant place à la volerie spécialisée, il a montré aux lyonnais que leur montagne est accueillante en volant les plus grands rapaces dans les couloirs aériens compliqués des monts du lyonnais. Avec Christian PEYRON, il a monté l'équipage des aigles de Courzieu, l'un des tout premiers en France. Construit de leurs mains, ce parc est un exemple de courage et d'abnégation. Que de souvenirs en chasses dans les plaines de Feurs, chez les amis chasseurs de sa région. 

Il a maintenant rejoint les grands espaces. Les Aigliers de France présentent toutes leurs plus sincères condoléances à toute sa famille.

 

mercredi 7 février 2024

RÉUNION DE FIN DE SAISON 2024, LES AIGLIERS DE FRANCE

 

RÉUNION DE FIN DE SAISON 2024, LES AIGLIERS DE FRANCE

Jean-Louis Liégeois

 

Cette saison 2023/24 se termine ce week-end tant attendu par toutes et tous. Patrice Bourdier préparait ces moments depuis plusieurs années, mais tant le Covid que la grippe aviaire l’ont empêché de nous réunir. Cette fois ci, et le temps, et les conditions ont été remplis pour nous offrir un rassemblement de sept aigles pour chasser dans les plaines Poitevines. Aurélien Deniaud et Altin, Jean-Yves Thiefine et Toundra, Corentin Roussel et Azereix, Jean-Philippe Roussel et Diego, Steve Francis et Sid, Jean Dinguirard et Feuer, Moi-même et Sarembaï, se sont déplacés quelquefois de fort loin, pour cette rencontre de fin de saison. Un petit groupe est arrivé le jeudi soir au gîte de Monsieur Jean Turpeau à Agressais. Nous dînons ensemble une petite entrée préparée par Jean-Yves, un risotto aux coques préparé par Isabelle, des fromages de Steve et un dessert d’Alexis et Aurélien. Couché de bonne heure, nous passons une nuit correcte pour un réveil vers sept heures.

Nous prenons la route de Bonnes où nous étions l’année dernière. Un copieux petit déjeuner nous est servi où nous goûtons les charcuteries locales avant de partir en chasse. Le principe est très bon car les oiseaux sont souvent un peu endormis le matin et un départ pour la chasse différé est toujours bien perçu par nos oiseaux. C’est une commune très étendue (2600 ha) qui offre de grands bois contigus à de grandes friches et des cultures non moins importantes, avec pléthore de gibiers divers. Le terrain est plat avec quelques très faibles pentes en se rapprochant de la rivière. L’ ACCA de Bonnes nous attend avec son président Aurélien Brouard qui semble très heureux de récidiver par cette invitation. Un plan détaillé concocté par Patrice est déployé sur une fenêtre de la salle des fêtes. Les diverses progressions, les emplacements des spectateurs, tant profanes que chasseurs, les boqueteaux, les champs, tout est indiqué afin de ne pas se perdre, mais surtout pour ne pas créer de perturbation avec nos voitures. Une petite présentation de notre déduit que je partage avec Jean-Yves, notre stentor, est récitée aux nombreuses personnes venues découvrir cette chasse peu commune. France 3 est présente afin de révéler aux infos régionales l’existence de cette chasse ancestrale à un plus grand nombre. Nous avons toujours peur de ces retransmissions qui quelquefois peuvent être mal comprises, donc mal expliquées à des gens qui ne sont pas toujours coopérants. Mais c’est le risque, et c’est la raison pour laquelle nous insistons sur les consignes de sécurité annoncées.

Le départ pour la chasse est sonné par Corentin qui passe d’une couleur normale à un rouge écarlate qui en dit long sur les souffrances que procurent la trompe de chasse. Les groupes sont formés et nous nous déplaçons vers le Nord Est de la commune. Le but est en premier de cerner un bois duquel sortiront quatre chevreuils. Corentin est tout au bout du bois avec France 3 et il voit deux renards entrain de jouer sortant d’un buisson très éloigné. Corentin aime les renards…. Il déchaperonne et Azereix s’envole toute en puissance sur plus de trois cents mètres, mais les renards sont un peu loin et elle ne peut  les rejoindre. Pendant ce temps, un lièvre se défausse devant moi derrière une langue de bois qui court vers Steve. Le lièvre sort en bout de langue et Sid entame un vol de fou sur plus d’un kilomètre et demi, sans prendre bien sûr. Steve démarre par un footing qui lui fait récupérer son oiseau en dix minutes. On sent que la reproduction commence à déranger les oiseaux adultes qui font un peu ce qu’ils veulent. Corentin revole un autre renardeau qui se cale dans un buisson chez le voisin. Il est abandonné. Jean-Yves, de l’autre côté, vole un lièvre long qui se dérobe au manque de fond de Toundra. Lors de cette traque, je n’ai rien vu d’autre que le lièvre volé par Sid, les photographes qui m’accompagnaient tatassaient entre eux tout au long de la traque. Un fois les traqueurs sortis, nous revenons nous placer en ligne le long d’un champ gigantesque pour faire la plaine. Nous traçons en boucle ce champ où, de notre côté, aucun lièvre ne sera vu. Aurélien, de l’autre côté de la boucle, vole deux fois très loin (quand je dis très loin, ce sont des lièvres qui sortent de leur gîte à trois cents mètres ou plus devant nous).  Après avoir décoiffé ces deux capucins, nous ne voyons plus rien. Pourtant, dans un semblant de creux, un lièvre sort pas très loin de Jean-Philippe qui lance Diego. Il fait un très bon vol et recoiffe le lièvre sans prendre. Rassurez-vous, cela va durer toute la journée. Les lièvres, en fin de saison, sont si malins et usent de telles fourberies pour déjouer les attaques violentes de nos oiseaux, qu’ils en deviennent presqu’ imprenables. D’ailleurs, l’an dernier en Picardie, nous avons vu nos aigles refuser d’attaquer les lièvres bouquinant dans les éoliennes. Ils donnaient vraiment l’impression d’un refus volontaire, comme un bon chien qui blinque le lièvre ou le chevreuil. Nous continuons le tour de cette boucle géante, qui nous amène vers un bois que nous encerclons rapidement. Les traqueurs entrent au bois et un lièvre est lancé rapidement. Je me tiens aux aguets, n’ayant rien volé depuis le début. Mais ce capucin sort chez Jean-Philippe qui vole Diégo cette fois ci sans conviction. Aucun autre animal ne sortira de cette partie de chasse de presque 7000 pas. Nous nous déplaçons en voiture pour traquer un bois plus grand ; je suis Aurélien Brouard qui me place en haut du bois tout à fait derrière. Ce bois est très touffu et Gilbert se fait un plaisir en allumant quelques pétards dans les ronciers inextricables desquels sortent trois chevreuils (un brocard, une chevrette et son chevrillard) non loin de moi mais en montée ; c’est trop dur pour Sarembaï, je ne déchaperonne pas. Je les laisse se défausser vers Corentin qui, me semble-t-il, est bien placé au-dessus des animaux. Pourtant, il ne vole pas, ne déchaperonne pas, je ne comprends pas pourquoi. J’aurai l’explication plus tard ; il se trouvait dans la même situation que moi et voyait ces chevreuils bien plus haut, bien trop hauts. Un lièvre est lancé et je vois Jean-Philippe détaler dans le champ derrière, là où les chevreuils se sont dérobés. Le vol est long, je n’ai pas vu le lièvre, j’étais en affleurement de colline, mais la vigueur avec laquelle Diégo volait signifiait sûrement, qu’il ne devait pas être très loin devant. Nous rejoignons les voitures et  nous nous déplaçons vers un autre champ où des passants chasseurs ont vu des chevreuils couchés dans un chaume de tournesols. Nous prenons très large, comme pour faire un chaudron, je suis avec Aurélien et Alexis, en bout de pré. Les chevreuils sont couchés mais ils sentent vite une forme de pression se mettre en place. Tout en marchant, ils se déplacent doucement vers l’échappatoire du bout du champ. Les traqueurs filent pour leur couper la route, ce qu’ils font à merveille. Les chevreuils font demi-tour et galopent vers la grande  ligne où la plupart des aigles sont. Pendant ce temps-là, Steve vole un lièvre en bout de ligne sans plus de succès que le matin. Les chevreuils me passent devant, mais à quatre cents mètres, un peu loin pour un tiercelet. Ils lèvent un lièvre qui déboule sur la droite et je refuse de voler pour ne pas déglinguer la chasse. Dommage, il était un peu loin mais volable. Puis les chevreuils ne coupant pas la ligne, reviennent vers la seule échappatoire qui leur reste, forcer les deux chasseurs en retour. Au passage, je vois que la chevrette n’avait que trois pattes ce qui ne l’empêchait pas de galoper comme un lapin. La traque se termine sur notre ligne. Nous entreprenons maintenant un champ d’herbe assez sec qui donne une vraiment belle impression. Sitôt entrés dans ce pré, un lièvre se dérobe très très loin, si loin qu’Aurélien ne vole pas…. Corentin vole une première fois sur un lièvre assez court qu’ Azereix emmanche très fort, mais blinque complètement, elle se perche en bout de ligne et il la récupère rapidement. Aurélien vole un lièvre assez court aussi et le manque par une incroyable gymnastique de l’animal chassé. Le réclame et parfait. A mi- champ, un lièvre m’est servi sur un plateau ; sortie de gîte à 80 mètres, Sarembaï déclenche un vol puissant avec la décision qui se sent. Il monte sur queue et fond sans toutefois faire comme à son habitude, plonger comme un dératé directement sur la proie, mais en glissant à très grande vitesse au ras du sol à hauteur de lièvre. Il le griffe alors pleine tête, c’est la prise du jour. Je me dégage sur le côté hors de la vue des chasseurs pour leurs permettre de continuer la chasse. Une fois récompensé, je rejoins leur quête qui montrera encore et encore de très beaux vols, de très longs vols, mais plus de prise. Pendant le même temps, Corentin vole un second lièvre qu’ Azereix refuse en le blinquant totalement, elle pousse à fond sur ses ailes et se dirige vers la ligne électrique en face de nous. Elle se perche sur un des trois fils et, comme ça bouge un peu là-haut, elle pendouille sous le câble comme une chauve-souris. Tout le monde retient son souffle, surtout Corentin. A ce moment, elle se laisse tombe sur le pât jeté au sol pour la récupérer sans aucun dommage. Un gros Ouf de soulagement est entendu. La traque reprend et Aurélien trouve un lièvre gîté qu’il offre à Altin qui se lance correctement dans une chasse vive, et manque de très peu ce capucin assez malin aussi. Pendant la remontée vers les voitures, les aigles ont fait un champ enherbé comme celui que nous venons de terminer, là encore quelques lièvres seront volés, notamment un par Altin, toujours lui, qui décolle presque verticalement pour prendre de la hauteur, puis se laisse glisser et pique dans un fracas de vent et de plumes sur un lièvre qui stoppe net juste avant, et saute pour laisser passer l’aigle juste sous lui. La séance de coiffure est terminée pour cette après-midi, nous rejoignons  La salle des fêtes pour le tableau bien maigre, et pour le verre d’une amitié renouvelée qui devrait nous voir nous retrouver l’année prochaine. Merci Bonnes pour cette journée bien remplie, pour ces nombreux vols, pour vos terrains et gibiers magnifiques.

Nous rentrons au gîte pour une douchette et Nous remplissons le camion de Jean pour rejoindre la cabane de chasse de Thurageau pour le repas concocté par Patrice et son équipe. Une excellente langue de bœuf succéda aux amuses gueules tous meilleurs les uns que les autres accompagnés d’une sorte de « pousse rapière » tout à fait goûteuse. Une fois de plus, ils ont fait fort ces « dans les serres de Gilbert ». Afin de récompenser Patrice pour ses efforts de plusieurs années en notre compagnie, nous lui offrons une épingle de l’équipage, les larmes ne sont pas très loin, juste avant le café pousse.

Aujourd’hui, nous chassons à Frozes où nous étions déjà venus juste avant le Covid. Franck, président de l’ACCA de Frozes nous attend avec un casse-croûte copieux comme hier afin de délivrer les quelques consignes et leçons de choses, comme nous savons le faire. Tous apprécient toujours ce moment qu’on essaie toujours d’écourter, et que je m’efforce à allonger (sans le faire exprès, mais je suis bavard, et ça, c’est dur à corriger). Heureusement, aujourd’hui il ne pleut pas, nous sommes assis devant un verre et tout le monde écoute. Si hier quelques dizaines de suiveurs étaient présents, aujourd’hui, ils étaient plus près de cent. Comme il y a trois ans, Franck demande à ce que la ligne soit tenue et respectée. Nous verrons vite qu’aujourd’hui, ce sera plus difficile. Une fois le repas pris, nous partons à pied vers les champs immenses que ces chasseurs de plaine nous proposent. Nous nous plaçons sur un chemin qui nous montre ce qu’est un alignement. Déjà, le groupe des aigles de droite est parti en avance ce qui donne une espèce de courbure irrécupérable à notre ligne. Sur la gauche c’est le contraire, bref, un méli-mélo se construit pendant que quelques lièvres partent très loin devant nous. Une fois arrivés à ligne de chemin de fer, le groupe se répand à gauche et à droite de cette ligne si bien que nous ne savons plus où nous sommes en quelques centaines de mètres. Dans les hautes herbes près de la ligne, de nombreux lièvres décollent de leurs gîtes  aux sons des bavardages qui ont abandonnés la rigueur demandée pendant le repas. Un peu plus tard, un peu d’ordre est venu redresser cette traque un peu dilettante et lui redonner un peu de sérieux. Nous nous alignons perpendiculairement à la ligne de chemin de fer pour faire les petits buissons qui la longent et les sapinettes plantées pour les prochains noëls, généreusement garnis de chevreuils et de lièvres. Les vols fusent de partout mais aucun capucin n’est pris. Une chevrette blessée sort dans les pieds de Corentin qui lance Azereix. Elle montre une vraie force et une conviction grave sur ce vol court et très puissant. Elle passe vers le devant de la chevrette est la griffe sous la poitrine sans pour autant entrer les serres dans la chair. Ne tenant qu’un sabot, elle finit par lâcher ; C’est vraiment dommage car tout y était pour une prise sanitaire qui aurait enchanté les chasseurs locaux. Jean fera plusieurs vols de belle manière, là encore sans prise. Jean-Yves que j’ai oublié hier, à pratiqué comme hier, il a été placé par Franck en plein milieu de la chasse autour de laquelle nous tournons. Hier, il a fait quelques vols que son aigle handicapé par un défaut génétique et une malformation de la mandibule inférieure, lui cause des baveries dans les plumes sus-alaires quand il met la tête sous l’aile. En fin de saison, cet aigle manque cruellement de ressources pour prendre ces lièvres si habiles à se défendre. Il fera quand même 5 vols sans prise, comme tout le monde. Nous tournons autour d’un buisson duquel sort une chevrette que vole Aurélien sans conviction. Son aigle est vraiment incroyable de constance et de volonté. Ses vols souvent de plus de 500 ou 600 mètres, montrent une détermination incroyable. Une fois ce buisson contourné, nous descendons une sapinière de laquelle sortiront quelques lièvres dont un que j’ai vu volé par Jean-Philippe est Diégo sur 250 mètres avec un saut de deux mètres du capucin qui laisse Diégo passer dessous. Ensuite, Corentin vole un lapin, alors que son aigle blinque depuis deux jours les lièvres. C’est assez dommage car au même moment un lièvre sort dans les pieds d’Alexis qui vole aujourd’hui Sarembaï. Azereix se perche dans le buisson au-dessus de la garenne,  J’encourage Alexis à voler quand même, ce qui est une erreur de ma part, que j’avais déjà faite il y a trois semaines. Alexis me rend Sarembaï ne voulant assumer un accident contre cet oiseau qu’il respecte énormément. Le manque de rigueur général a déteint sur les Aigliers ou au moins deux d’entre eux. Nous en tirerons les conséquences pour l’année prochaine. Sûrement nous faut-il nous remettre à table et refaire la liste des risques encourus par nos oiseaux en cas d’erreur toujours explicable. Nous avons continué sur le retour vers le point de départ, en nous rapprochant du village, à voler successivement mais rien n’y fait, aucun lièvre ne sera pris. Nous rentrons à la salle de Frozes après que j’aie rendu Sarembaï à Alexis, calmé de cet énervement momentané. Une tombola a été tirée par la société de chasse, ce qui permet à quelques-uns de repartir avec un petit souvenir local. Le repas du soir est largement aussi bon et sympathique que celui de la veille. Jean, qui fêtait son 77 emme  anniversaire, nous offre deux magnums de champagne qui nous permettent de trinquer aux nombreuses années qui lui restent à chasser avec Feuer, son tiercelet d’aigle royal. Depuis peu avec nous, c’est un débutant aiglier qui se débrouille très bien avec son aigle ce qui n’est pas si simple. Cet âge fait de lui le plus âgé des Aigliers de France. Ainsi avec Hugo qui est le plus jeune, nous tenons les deux bouts.

Ce dimanche, ce sont les deux ACCA  qui nous accueillent, Lencloître et Thurageau. La somptueuse salle des fêtes dans laquelle nous sommes reçus, nous permet de renouveler la méthode, pas si mauvaise que cela, pour profiter du repas pour présenter notre déduit. J’en fais le plaisir à Jean-Yves qui adore cette épreuve. Si j’ai mis 28 minutes hier, il lui suffira de 15 minutes aujourd’hui. Le jambon mogettes qui nous est offert me rappelle la Vendée, pas si éloignée que cela d’ici.

Les terrains sont légèrement plus vallonnés que précédemment. Nous garons les voitures dans un chemin de champs et plaçons la ligne pour tourner sur un cercle de 3 kilomètres de diamètre. Au départ, quelques rares lièvres sortent d’un chaume ancien de tournesols broyés, aucun n’est volé. Nous avançons tranquillement vers un bois assez gros duquel rien ne sortira. Des pieds de cerfs énormes sont vus dans ce champ et les bois que nous a montrés le président de Thurageau la veille lors du repas, ne démentent pas. Sur les extérieurs du bois que nous venons de faire, les aigliers du bas vont vers un boqueteau où des sangliers ont été rembuchés. De ce buisson, sort un renard volé par Jean mais qui n’en veut pas puis par Corentin qui fait une remontée très puissante avec Diégo mais n’aura pas le temps ni la place de prendre. Pendant ce temps, nous attendons une réorganisation qui ne vient pas. Aurélien prend les choses en mains et nous demande de nous réaligner dans le colza que nous avons effleuré. La ligne se lance avec Sarembaï et Altin. Très vite je vole un lièvre très court que Sarembaï manque de rien. Aurélien lance quelques secondes plus tard Altin sur un lièvre court aussi et conclut de la même manière. Les aigliers de retour de leur ballade, se joignent à nous en ligne correcte, mais il faut rapidement redresser. Corentin vole un lièvre gîté, de belle manière, Diégo fait un vol puissant, mais, comme les autres, manque. A ce moment, une fois Diégo récupéré, Aurélien vole un lièvre qui, contrairement aux autres partis en montée, s’élance dans la descente à pleins godets. Altin monte comme il sait le faire, et plonge sur ce lièvre que tous nous croyons pris, mais il n’en est rien, il lui flanque un coup violent sur le côté et le lièvre rebondit littéralement au-dessus d’ Altin qui glisse sans griffer sous l’animal. Une seconde ressource et c’est un nouveau plongeon sans succès. Décidément, les lièvres poitevins sont aujourd’hui imprenables. Nous rentrons désormais vers les voitures sans plus y croire du tout. Un énième lièvre est sorti d’une haie épaisse juste devant moi. Je le vole et Sarembaï l’entreprend comme un avion de chasse. Il le remonte sans aucune difficulté et frappe avec une brutalité rare, et là encore, le lièvre est bloqué sous l’aigle, mais dans un coup de rein, il se libère. Nous n’y croyons pas, il le tenait, c’est sûr, et le relâche comme cela ? Non, ce n’est pas possible et pourtant si. Aucun lièvre ne sera pris. Les voitures sont là, les aigles débippés, remis en caisse et nous rentrons vers Lencloître pour un dernier verre. Nous remettons une épingle de notre équipage à Gilbert sans qui rien de tout cela n’aurait vu le jour. La dislocation est rapide car la route de retour doit éviter les bouchons et il reste encore des kilomètres à faire pour certains.

Pour moi, cette journée sonne la fin de saison ; je noue la longe ce soir après une gorge bien méritée, même s’il eut été préférable de le gorger sur une dernière prise. Aurélien a noué la longe avec Djaïa la semaine dernière, il fait de même avec Altin ce soir. Les Roussel pensent encore voler un peu, de toute façon, la fin sonnera le 29 cette année. Jean-Yves arrête définitivement Toundra qui va rejoindre un copain en volière. Espérons qu'il trouvera un remplaçant rapidement. Ces trois jours ont été merveilleux, les aigles ont fait plus de 80 vols avec un lièvre pris, ce qui en dit long sur la vélocité de ces animaux en février. Josef m’a toujours dit que prendre un lièvre après Noël était de l’ordre du coup de chance, je finirai par le croire.

Merci à toutes et tous, aigliers, suiveurs, cuisiniers, organisateurs, spectateurs, accompagnateurs, chasseurs de chaque mode, vous êtes nécessaires à la poursuite de notre Art.        

mercredi 20 décembre 2023

BRUX tant attendu, 1,02,03 décembre 2023.

        Ce vendredi pluvieux (comme d'habitude) nous étions attendus pas Gilbert Lancereau notre guide de toujours. Ce pays de chasses nous offre le gîte, le couvert, le terrain. L'association qu'il vient de monter avec ses amis, " Dans les serres de Gilbert" porte bien le nom de ce qu'elle veut défendre, la chasse avec les aigles. D’ailleurs, nous l'en remercions du fond du cœur. Arrivé vers 9h30, je place les noms de chacun des 14 aigliers qui seront présent lors de cette réunion de chasse. Le gîte est à Caunay, dans l'ancienne école réaménagée en dortoirs suffisamment confortables. Vers 11h00 les chasseurs et les aigliers arrivent, le dernier prenant son quart d'heure vendéen. Nous allons déjeuner à Limalonges au relais des "maisons blanches", célèbre routier de la région. Nous y dînerons aussi. Puis, de retour à la maison des chasseurs de Mairé-L'Evescault, nous sommes accueillis par le président de la société de chasse qui ne connaît pas du tout notre déduit. Le pays est composé de plaines assez grandes avec de nombreuses friches assez hautes pour abriter tous nos gibiers de prédilection. Les boqueteaux ne manquent pas non plus et séparent les prés des cultures des champs et autres friches. Nous partons pour la chasse, nous sommes six aigles cet après midi. La répartition des emplacements est vite faite. N'ayant que très peu d'informations, je ne pourrais malheureusement pas vous conter toutes les attaques, mais seulement celles dont j'ai été le témoin. La pluie s'est enfin calmée, un léger vent l'a remplacée. Le premier bois que nous faisons fais à peu près trois hectares. Silencieusement, nous nous plaçons, Aurélien C. en plaine à 200mètres de moi. Je suis au pied d'une éolienne. Nous sommes à 250 mètres de la lisière du bois avec pas mal de champs pour voler. Trois chevreuils sortent assez vite, l'un vers Wilfried en lisière, les deux autres vers moi et Aurélien. Ils sont beaucoup trop loin pour Sarembaï qui n'est pas du tout dans le coup pour les chevreuils. Aurélien vole mais le petit vent contre nous est suffisant pour ralentir Razzia qui poursuit pourtant sur plus de 400 mètres. Sitôt reprise, je vois un lièvre débouler de la forêt. Je le vole mais là aussi, Sarembaï peine à le remonter. Il se perche sur un pylône électrique, je ferme les yeux, rien ne se passe. Je monte dans la voiture de Thierry pour gagner du temps, je réclame Sarembaï, il revient sans problème. Ouf. Quelques autres animaux sortiront de ce boqueteau, en tout, huit chevreuils dont trois vols, deux lièvres les deux volés pais aucune prise pour l'instant. Nous nous retrouvons au coin du bois pour planifier la prochaine traque. Elle se répand devant nous en une prairie noyée en son milieu. Je prend la haie de droite avec Aurélien, pour rejoindre la ligne de départ. Une ligne de rabat se replie sur nous depuis la route à quelques encablures de nous. Pas un gibier ne sort de ce bourbier un peu gras pour les petites pattes de nos capucins. Nous retournons à la maison des chasseurs pour faire le point et planifier la prochaine battue. C'est une très grande friche assez haute pour cacher quelques chevreuils. La plupart des aigles suivent la traque, je suis en caponnière avec Wilfried, nous sommes séparés de deux cents petits mètres. Les oiseaux sont assez chauds et nous aussi. Une annonce est faite sur la fin de traque, un lièvre court vers moi (je crois). Je déchaperonne, je crie en lançant, je m'aperçois que le lièvre sort à 20 mètres de Wilfried... Je lui ai clairement volé son lièvre et Sarembaï n'a pas pu le remonter. C'est ma faute, c'est ma très grande faute comme dit le "credo" de mon enfance. Le bois suivant, nous offrira la première et la seule prise du jour. Nous prenons un chemin boueux, garons les véhicules le plus silencieusement possible, et nous nous plaçons autour du boqueteau. Je n'ai vu que le vol de Christophe P. qui a montrer une réelle volonté de prendre, ce que son aigle a fait de très belle manière. Elle a déployé une force et une volonté incroyable tout au long de ce vol somme toutes assez court. Les quelques deux ou trois cents mètres de remontée lui ont permis de prendre rapidement et fermement ce  petit brocard d'un an. Bravo Christophe. Le journée se termine par un verre à la Maison des chasseurs conquis pour ne pas hésiter à nous proposer une invitation pour 2024, mais là, toute la journée. Nous en sommes ravis. Nous disloquons vers 17 heures pour rejoindre le dortoir. Les locaux investis, nous rejoignons le restaurant pour passer la soirée en compagnie de quelques amis de Gilbert. Nous ne tarderons pas à voir cligner des yeux et la nuit nous emporte vers 11h30. 

Le samedi, deux équipes sont formées : CP, AC, JFB, AD, KeL, KiL,  J2L, pour Bois Coursier, WD, CR, JPR, MM, JD, JYT, pour chasser chez Gilbert à Sauzé-Vaussais. Je ne pourrai pas parler de la chasse de Sausé-Vaussais n'y étant pas. Je relaterai uniquement les données transmise gentiment par Mélissa. 

 Pour brux.

Samedi pour moi :
Volé une chevrette arrivant de face (elle venait d'être volée par Jean) Altaïr va la rattraper facilement et la griffera aux fesses. Il tentera de reprendre son vol derrière et la suivra jusqu'au bois.
Dimanche rien volé le Matin.
L'après midi par la fatigue je loupe ma 1ere occasion sur lièvre en retenant l'oiseau qui demande le départ.
J'aurais tout de même 2 autres occasions sur lièvre.
Le 1er difficile face au vent Altaïr va vite abandonner. 
Le 2eme sera volé par un jeune qui m'a accompagné . Les conditions sont bonnes mais rien à faire il l'abandonne très vite étant trop haut en poids malgré les jeûnes ce week-end.
 Wilfried volera un chevreuil assez longtemps en restant griffé sur son dos sans pouvoir remonter. Il finira par abandonner. 
Peu de vols dans l'ensemble et pas de prise.
 A Bois Coursier, nous sommes accueillis par Bernard Wibaux, propriétaire de ce magnifique château. Nous prenons un café  et partons pour la chasse vers 10h30. Le grand champ derrière la demeure nous propose un poste large pour voler tout ce qui sort de bois en contre-bas. Une chevrette sort loin de Kiani qui ne vole pas. Un lièvre se dérobe devant Keavi qui le vole superbement sans le prendre. Aurélien C. vole un groupe de quatre chevreuil qui se dérobent à grande vitesse en limite de propriété. Sa forme remonte sur quatre ou cinq cents mètres sans prendre. La journée commence bien... Nous revenons ensuite pour battre une plantation de couvert à gibier de laquelle sortira un chevrillard que je vole sans succès. Un lièvre sortira juste après au même endroit sans être volé. Nous battons ensuite la grande plaine dans les bas ; arrivé sous un pylône électrique, je parle avec Patrice Bourdier au sujet des bas de pylônes où jamais rien ne se trouve. Par dépit, je bat de ma fourchasse les herbes de mon côté. Rien ne part ; soudain, Patrice longe les herbes de son côté et un capucin détale, trop tard pour moi, je lance quand même Sarembay qui fait un beau vol en montant au dessus de la grande haie mais il ne retrouvera pas le capucin. Nous continuons, et un lièvre gîté gicle devant Keavi qui vole instantanément. Magnifique vol avec ressources juste devant les convives et invités de Bernard. Ce lièvre est fort malin et se défend comme un diable ; il ne sera pas pris. Nous traversons la route pour rejoindre les boqueteaux de l'autre côté. Je place Jean-Marc B. Là où l'an dernier j'ai failli prendre un chevrillard. Nous encerclons le bois puis la traque se lance. Un cerf et une bichette sortent en rebrousse. Un lièvre court devant moi sous-bois sans que je puisse voler. C'est Kiani qui le vole à 200 mètres de nous. Il le prend d'un vol vif et puissant. Un chevrillard me passe devant dans le sous-bois en direction de J.M. Je lui fais signe, quelques secondes plus tard, cette chevrette sort du bois devant lui, il vole et fait une attaque brutale mais dans un coup de reins, elle se dégage de la prise, dommage, ce fut une belle occasion. J'ai cru entendre peu de temps après, voler Christophe P. sur une chevrette en dérobade. Le vol est très court et elle rentre au bois avant la prise. Ce sera tout pour ce bois du moins, tout ce que j'ai entendu ou vu. Nous nous alignons sur la grande plaine le long de la route limitrophe. La ligne ne fait pas moins de 700 mètres et nous avançons tranquillement dans ce chaume de tournesols. Après quelques centaines de mètres traqués, Aurélien D. Vole un lièvre très loin. Altin monte sur queue et remonte le lièvre sur près d'un kilomètre. Aurélien C. Voit Altin plonger, mais le capucin saute et se cabre pour feinter l'aigle qui se retrouve au sol, tout penaud. Vol magnifique tout de même, montrant une capacité incroyable de force et de ténacité. Une fois Altin récupéré, nous approchons d'une dépression avec un semblant de mare au fond. Il est possible que par ce petit vent, un lièvre soit gîté par là. Effectivement, il gicle de son gîte à une cinquantaine de mètres de Christophe qui le vole. Je n'entend pas l'annonce et son aigle prend un mauvais parti vers la droite, je ne le vois pas. A ce moment, je vole Sarembaï qui entreprend ce lièvre avec la volonté qu'on lui connaît. Quand il démarre comme cela, c'est en général pris. Effectivement il prend le lièvre, mais l'aigle à Christophe qui a vu la prise rebrousse chemin et attaque à grande vitesse la prise. Aurélien C. qui était resté sur la bordure,  se trouve à quelques dizaines de mètres de Sarembaï. L'aigle frappe à pleine vitesse Sarembaï qui lâche la prise sous le choc. Puis c'est un imbroglio de jambes, griffes, mains, pour décrocher les aigles. La violence du coup fut énorme mais les aigles se séparent rapidement grâce au professionnalisme d'Aurélien. Sarembaï est choqué, je l'examine sous toutes les coutures, je ne vois pas de sang, pas de blessure, il respire normalement, on entend pas de sifflement, rien ne permet de dire qu'il va s'en sortir ou le contraire. Quelques minutes pus tard, je lui présente un demi poussin qu'il gobe rapidement. Je décide de lui faire un petit réclame qu'il se plaît à faire sans montrer le moindre déséquilibre dans son vol. Je pense que nous avons eu beaucoup de chance. Je demande à Christophe si son aigle n'a rien non plus, c'est le cas. Nous poursuivons vers l'arroseur géant sans plus voir aucun lièvre. A l'autre bout de la ligne, Aurélien D. Vole un autre lièvre fort loin. Il remet le couvert avec un vol de 700 mètres au dessus de la forêt, il ne prendra pas. Une fois arrivés à la ferme, nous cernons le petit bois à côté du château. Les traqueurs font le tour pour nous rabattre les gibiers. Je me poste à un carrefour, Jean-Marc est à 150mètres de moi, Aurélien D. et Alexis décalés sur la route. Un sanglier assez gros court dans les fourrés devant nous. Il traverse le petit-bois et sort dans les bottes à Aurélien D. et Alexis qui le vole. Djaïa entreprend correctement ce gros animal. Elle ira jusqu'au bois du voisin et finalement abandonne. Un chevrillard traverse le pré devant moi, mais les discussions des convives lui font faire volte face. Un autre chevreuil coupe en arrière vers Aurélien C. Et Christophe qui vole de très loin. L'aigle rejoint in-extremis mais ne peut pas griffer cet animal bien vif. Kiani vole en arrière un nouveau lièvre qu'il prend facilement. La journée s'achève sur le tableau et un casse-croûte collectif qui nous permet de commenter les moments forts de cette belle journée. Nous nous retrouvons à la Raffinière en compagnie de toute l'équipe des griffes de Gilbert qui nous ont concocté un repas pantagruélique. Nous offrons un tableau de chasse de style anglais qui se pose très bien dans cette salle ancienne. Après quelques chants, nous rentrons à Caunay pour la nuit qui sera assez courte malgré tout. 
Dimanche matin, nous nous retrouvons à la Raffinière pour le petit déjeuner. Nous prenons la route vers Chambonneau, chez Monsieur Lazarevitch qui nous accueille pour la journée de chasse. Le rapport est fait sitôt Gilbert arrivé. Monsieur Lazarevitch nous décrit la propriété de 1175 hectares. Les différents groupes sont mis en place et le départ pour la chasse est sonné. Corentin, Jean-Philippe, Wilfried, Mélissa partent pour suivre avec les traqueurs en ligne à travers la plaine. Aurélien D. et Moi-même partons pour l'extrémité de la propriété. Nous battrons de grandes plaines de colza, phacélie, radis. Je n'aurai pas beaucoup de précisions ni de descriptions des autres chasses que celle de A.D. et Moi. Un premier lièvre est volé par Sarembaï qui le vole sur plus de 400 mètres. Le saut cabré du lièvre est spectaculaire, le loupé aussi. Sarembaï revient au taquet. Aurélien vole un lièvre qui se dégîte devant lui, contre le vent, assez fort, il fait un vol d'une puissance incroyable et prend ce lièvre qui n'a pas su trouver sa chance. Il récompense totalement, chasse terminée pour lui. Je continue d'avancer et quelques lièvres giclent devant moi. Sarembaï montre des signes de lassitude à la poursuite, ce qui me fait penser qu'il lui reste sûrement quelques courbatures dues à l'accident d'hier. Il ne prendra pas aujourd'hui. Nous rejoignons le reste des groupes qui se retrouvent dans une grande moutarde où sont couchés quelques chevreuils. Aurélien D. vole un brocard énorme. IL le prend sur l'arrière. Sans pouvoir aider l'aigle il s'élance à sa poursuite dans cette moutarde bien haute. Soudain, pas un bruit, pas un cri, rien. L'aigle et le chevreuil ont tous deux disparus. Kiani en arrière, voit soudain un chevreuil lui arriver dessus avec une blessure sur l'arrière train. Il le vole puisqu'Aurélien D. a récupéré son oiseau. Kiani bloque le brocard et se trouve sous l'avant-main du chevreuil. Le chevreuil tape des pattes avant sur l'aigle qui lâche prise, ce qui n'est pas son habitude. L'aigle est repris, Aurélien C. se trouve décalé et voit le chevreuil blessé. Il le vole, le griffe et après plus de 100mètres dans un fourré inextricable, il terrasse son animal. Aurélien le sert, la prise est sonnée. Dans le même temps, Jean-Yves à fait une belle rencontre qu'il vous décrit :
Chambonneau. 
Je connais un peu le terrain, la traque est immense, mes vertèbres ne me permettent plus un tel parcours. Je choisis de me poster sur un des versants de cette plaine légèrement vallonnée au centre du domaine. De loin, j'aperçois Wilfried qui vole une grosse chèvre qui distance son aigle en remontant la pente en face. Puis plus rien, le grand calme pendant deux heures. La famille au grand complet de nos traqueurs préférés (au repos) est venue me tenir compagnie. Soudain , à 200 mètres de nous un petit animal vient dans notre direction, chat ou renard ? Encore quelques pas et c'est bien un renard. Je le laisse s'approcher encore un peu et je déchaperonne doucement Toundra. Elle s'envole aussitôt dans sa direction mais en prenant de l'altitude, ce n'est pas encore un vol d'attaque car l'attitude du renard venant vers nous ne ressemble pas à une fuite. Je sens que l'aigle a un doute. Je frappe dans mon gant en criant. Le renard détale aussitôt, trop tard, l'aigle vire brusquement sur l'aile et entame une glissade accélérée de quelques battements d'ailes, le renard est pris et bien pris : une serre tient la tète et l'autre le thorax. Mon Laguiole trouve le chemin de son cœur, c'est fini. L'action n'aura durée que quelques secondes pour deux heures de patience.
 
La journée se termine là-dessus, Jean aura aussi volé mais je ne l'ai pas vu. Mélissa aussi, Wilfried aussi. Quand bien même certaines périodes de la journée ont été longue et calmes, tous les oiseaux auront eu leurs possibilités de voler et de prendre. Mais la chasse est ainsi faite que tous n'ont pas pris, mais chacun a eu le plaisir de voler son oiseau dans de bonnes conditions.
 
La dislocation est prononcée, il reste quelques centaines de kilomètres à faire pour rentrer à la maison. Bonne continuation à toutes et tous. J.L. 

Keavi et Kiani LOYSON, nos amis belges

Chevreuil pris par Christophe

Christophe, son aigle et son chevreuil.

L'aigle de Keavi.

L'aigle de Kiani

Kiani et son deuxième lièvre.

Aurélien Caron et son brocard de 29 kg.

                                             Renard  pris par Toundra, l'aigle de Jean-Yves.

 
 
 


   

jeudi 9 novembre 2023

ANFA 26.29/10/2023, Réunion Nationale.

        

REUNION INTERNATIONALE DE CHASSE AU VOL,

LA SALVETAT-BELMONTET

26.27.28.29. octobre 2023.


Cette fin octobre marque notre calendrier des chasses par le point d'orgue de nos réunions : la Nationale. La Salvetat Belmontet nous accueille pour quatre jours entiers de chasse au vol, tous oiseaux confondus : faucons de toutes sortes, autours de toutes sous-espèces, buses de tous genres, aigles de deux espèces, l'aigle fascié (Aquila fasciata) et l'aigle royal (Aquila chrysaetos). Nous serons 13 aigliers présents à ce rassemblement :

Damien Costa, avec son aigle fascié. Avec des aigles royaux femelles, Guillaume Agede, Christophe Puzin, Jean-Yves Thiefine, Kiani Loyson (Bel.), Sébastien Fabrol. Avec des mâles, Mélissa Martin, Steve Francis (U.K.), Bart Van Dooren (P.B.), Adrian Van de Eijnden (P.B.), Stephan Wunderlisch (R.F.A.), Jürgen Nicolaus (R.F.A., Es.), Jean-Louis Liégeois. Le gîte est prévu dans un complexe touristique, la base de loisirs des trois lacs, à Montclar de Quercy. Les chalets sont très bien conçus. Le nôtre est composé de Jürgen Nicolaus, Giancarlo Pirrotta, Jean-Yves Thiefine, Steve Francis,  Franck Dubourdieu et moi-même. Une bien belle équipe…. C’est Christophe qui avait réservé pour tous en amont, ce qui nous a évité de faire des doublons. Il nous a fallu nous regrouper pour dormir, à six par case, ce fut tout de même acceptable, d'autant que les prix étaient très compétitifs.  C'est Cédric Durand et sa famille qui nous ont accueillis chez eux le mercredi soir avec un apéritif musclé qui nous permet de tenir jusqu'au lendemain. Toutes les spécialités de cette riche région culinaire nous ont été proposées, le tout parfaitement arrosé de breuvages locaux. 

         Le rendez-vous est fixé à la salle des fêtes de Saint Caprais. Les groupes sont rapidement formés pendant que l'on boit un petit café gentiment offert. Une centaine d'oiseaux sont à répartir sur plus de 40 territoires. Les fiches de rendez-vous sont très complètes et les points GPS vont nous aider à ne perdre personne. 

        

  Bioule :       

           
Le premier jour, nous volons sur la commune de Bioule où le président de l'ACCA locale nous accueille. Quelques mots sont échangés et rapidement, nous rassemblons les aigliers pour faire une présentation sommaire mais précise de la chasse au vol en général et de ses spécialités en particuliers. L'aiglerie nous intéresse particulièrement, puisque c'est ce que sont venu voir les quelques 35 chasseurs locaux. Le temps n'est pas avec nous, il pleut sans discontinuer. Les questions pleuvent, mais il faut tout de même essayer de faire quelques vols. Les gibiers ouverts sont le lièvre, le chevreuil, le sanglier, le renard. Nous n'avons pas encore sorti les oiseaux compte tenu du temps. Nous prenons les voitures pour aller nous poster le long d’une route pour la moitié d’entre nous, l’autre moitié postée de l’autre côté du boqueteau. Jean-Yves prend la ligne de traque en se déplaçant avec les traqueurs. Il ne volera pas un lièvre qui pourtant lui part à quelques dizaines de mètres, sans doute gêné par la pluie. La traque passe la route et traverse le bosquet. Des récris nous signalent un gibier sans pouvoir l’identifier. Christophe vole un chevreuil très loin que son aigle ne rattrapera pas. Ce sont les seuls gibiers que nous avons vu ce matin. C’est la bredouille pour cette matinée. Nous rentrons à la cabane de chasse pour déguster des spécialités locales. Un ragoût de sanglier que personne n’a reconnu, chatouille nos papilles, c’est un vrai régal…

         Nous essayons de sécher les oiseaux pour une reprise que nous croyons de courte durée. Le président nous guide vers des plaines très grandes le long de l'Aveyron. Une fois sur place, je donne les consignes aux aigliers, vite complétées par Jean-Yves puis Guillaume pour ne rien oublier. Nous démarrons par fouler un grand chaume vert dans lequel nous ne sortirons pas grand-chose. Puis, des champs de chaumes de tournesol dans lesquels nous pataugeons sur des kilomètres en ligne nous permettrons de voir quelques lièvres très très loin. Guillaume vole, Adrian aussi sans résultat. Soudain dans une verdure un peu plus épaisse, Guillaume lance son aigle sur un lièvre court ; au même moment, Sébastien lâche aussi. Nous craignons car ne connaissant pas l'aigle (jeune) de Sébastien, il y a un risque sérieux d'accident. Heureusement, rien de dangereux n'arrivera, les deux aigles sont repris. Nous continuons de patauger dans la patouille quand un lièvre se défausse vers le bois au milieu de la plaine. Ce petit bois fait à peine quelques dizaines de mètres de largeur et une centaine de mètres de longueur ; c'est déjà gros pour sortir un lièvre sans chien. Quelques traqueurs entrent dans le boqueteau, je suis à gauche en avançant, Steve est à droite, nous ne nous voyons pas. Guillaume m'annonce le lièvre traversant un layon. Je déchaperonne Sarembaï qui entreprend le capucin déjà loin. De l'autre côté, Steve voyant le lièvre sortir, lance son aigle, ne voyant rien le poursuivre. Le capucin emmanche la plaine avec deux aigles très vifs derrière lui. Encore une fois, deux oiseaux sont ensemble sur un vol, heureusement, ils ont déjà volé ensemble et ne sont pas agressifs l'un envers l'autre. Un joli plongeon de Sarembaï suivi d'un saut carpé de notre lièvre, un aigle par dessous un autre par-dessus, manqué. Les deux aigles sont repris sans dommage. Nos amis hollandais et belges commencent à se poser des questions : que font donc ces français pour être si peu discipliné en chasse ? Au vu de cette journée, on peut penser : pas grand-chose. Une fois le bois traversé, nous continuons en passant par la réserve. Plusieurs lièvres se dérobent devant nous assez loin mais Steve vole quand même, un vol très long jusqu’à la rive de l’Aveyron. Melissa vole aussi de l’autre côté de la plaine sans résultat.  Un lièvre m’arrive de la gauche pour entrer au bois ; j’attends qu’il soit à portée pour déchaperonner et lancer Sarembaï qui manque une première fois puis longeant le bois au cul du lièvre qui se glisse dans les pieds de Christophe et de Kiani arrivant au sortir du bois, plonge mais manque.  Bart fait aussi quelques vols mais rien n’y fait, les oiseaux sont de plus en plus mouillés et nous sentons bien le manque de portance sur l’air qui crée un réel handicap à nos oiseaux. Sébastien et Guillaume se déplacent vers le point de fuite des capucins, en se relayant les uns après les autres. Ils sont très loin de nous et peuvent voler à loisir, mais rien n’y fait. Le retour se fait en traversant un énorme maïs où les chevreuils se sont réfugiés ; aucun ne sortira. Kiani vole un lièvre, un vol long et soutenu, mais le manque. Adrian manque un autre lièvre, un peu loin. Une bredouille se profile le jour déclinant, nous prenons un dernier verre avec les chasseurs pour rejoindre le chalet. Malgré le temps peu profitable, Tout le monde a volé sans résultat. Le soir, le repas est servi à Saint Caprais, pendant l’apéritif, nous visitons les différents stands présentant divers matériels de toutes sortes, artistes, peintres, radio-tracking, sonnettes, jets, cuirs et chaperons pour tous. Nous ne tarderons pas à aller nous coucher, fatigués de cette journée laborieuse.

          Le vendredi, nous partons sur Vaissac, bourgade assez proche du point de rendez-vous. Nous sommes attendus par une trentaine de chasseurs et chasseresses, pour un café-brioche offert par l’ACCA. J’ai fait le voyage avec Claude Rossignol, journaliste au chasseur français et à la revue nationale de la chasse grand gibier. Je le connais depuis plus de 35 ans quand, au Rocher des Aigles de Rocamadour, il avait déjà fait un article avec moi sur la chasse à l’aigle. Ce furent des retrouvailles bien émouvantes. Nous reprenons les voitures pour aller nous placer autour d’un groupe de petits bois forts fournis en gibiers de toutes sortes, nous dit-on. Le terrain est très varié, fait de collines labourées, entrecoupées de champs verdurés. Tous les aigles sont placés en hauteur pour dominer les bas. La traque est lancée mais rien ne sort pendant un bon bout de temps. Jean-Yves est dessous moi, à quelques deux cents mètres. Je ne le vois pas ni lui ne me voit. Après une bonne demi-heure de chasse, un chevrillard fébrile sort du bois juste en face de moi à quelque 400 mètres de l’autre côté de la colline. Il descend vers Jean-Yves puis repique vers moi. Il traverse le ruisseau en bas et remonte dans une foulée lente, juste ce qu’il faut pour créer une occasion parfaite. Soudain, je vois un aigle (celui de Jean-Yves) arriver au-dessus du chevrillard et continuer vers moi pour se planter au sol à dix mètres de nous. Le bigout continue sans avoir rien vu, il passe à 20 mètres de moi, je décide de déchaperonner et de le voler. Sarembaï prend le vent et monte sur queue, voyant une tâche brune (l’aigle à J.Y.) au sol à côté de moi, il simule une attaque et reprend aussitôt la quête du chevrillard qui se cache dans l’ombre du bois derrière et disparaît. Une occasion pareille n’arrive pas si souvent, mais le vol était intéressant. Les traqueurs nous disent avoir sorti plus de douze chevreuils partis en rebrousse (**). Dommage pour les autres  aigles placés. De l’autre côté du vallon sont placés Guillaume, Jürgen et Stephan, ce dernier volera un chevreuil sans succès dans le fond du vallon. Puis il décide de remonter offrant sa place à Jürgen. Les traqueurs qui sont remontés vers eux proposent de battre une jeune coupe de châtaignier. Un chevreuil va se dérober et partir à la rebrousse. Stephan, a le temps de déchaperonner, son tiercelet griffe le chevreuil mais décroche quand il rentre dans un autre bois. La fin de traque est sonnée, rien d’autre ne sera volé ce matin. Nous rejoignons la cabane de chasse pour le déjeuner offert par l’ACCA. Pierre Vieilleville a apporté des coquilles saint Jacques pour les flamber, les chasseurs de Vaissac nous ont appris comment manger des moules à la paille(*), petite merveille d’une région où les moules sont plutôt rares. Les pâtés et charcuteries locales se battent en duels pour nous emplir de toutes les saveurs de la région.

L’après-midi, nous nous déplaçons vers une grande crête où tous les oiseaux auront une chance au moins de voler. Je suis placé assez loin dans la pente. La première est Mélissa, puis Adrian, puis Jean-Yves, moi-même et encore plus loin Sébastien sur une ligne de 500 mètres. Kiani, Bart, Christophe et Steve sont en place. De l’autre côté de la vallée, Guillaume et Stephan sont placés sur une autre crête. La traque tarde à se lancer, mais tout à coup, le ton est donné. Un long coup de trompe pour démarrer la traque. Quelques chevreuils partent en rebrousse, un chevrillard sort du bois en face de moi mais un peu loin et très bas (environ 40 mètres de dénivelée) puis il s’arrête net ; je ne déchaperonne pas, il part en retraite et retourne au bois. Christophe fait un vol de fou de plus de 450 mètres sur une chevrette en descente qu’il manquera de justesse. Une deuxième chevrette sort sous moi dans le contrebas accompagnée de son chevrillard. Je déchaperonne et Sarembaï est lancé. Son vol d’inspection est lent et plané au départ puis il regroupe ses ailes et dans un piqué vertigineux, il fond sur la chevrette (que nous avions prise pour un brocard). Il manque en passant dessous le cou et dans une ressource énorme, il vient la griffer au sol. Elle se couche quelques secondes, et dans un coup de rein, elle se libère de l’oiseau. Sa fuite nous dit qu’elle va s’en sortir. Elle monte ensuite sur Adrian ou Bart, je ne sais plus qui vole sans résultat ; au passage elle renverse Jean-Yves de son siège de chasse…. Pendant ce temps, j’ai pu réclamer Sarembaï qui est revenu sans problème. Bart vole une chevrette qui vient d’on ne sait où, mais l’esquive et se branche, à ce moment, Mélissa vole son tiercelet qui déclenche superbement. Il ne manquera que quelques mètres pour qu’il griffe cet animal. Le bois lui aura servi de protection. Steve vole aussi mais de l’autre côté ; je n’en ai aucune description. Tous les détails ne peuvent être notés dans ce récit, ma mémoire, les quatre jours, le temps qui passe m’ont comme volé les moments oubliés. Je ne sais pas si Jürgen a volé ni Sébastien, encore moins Guillaume. A l’issue de cette battue, je pars vers la salle où l’assemblée générale doit se faire. Guillaume me suit. Les chasseurs de cette ACCA prévoient de faire une dernière traque pour essayer de servir ceux qui n’ont pas volé. Peut-être la vivacité des intervenants fut légèrement bruyante, peut-être le claquement des portes arrivés sur le terrain ont été un peu forts, en tout cas, une cacophonie s’est mise en place pour énerver quelque peu certain d’entre nous. Le fait est que rien ne sera volé dans ce dernier bois.     

 Garganvillard :

            Le samedi, nous sommes attendus par le président de la chasse de Garganvillard dans la salle des fêtes du village. Nous faisons les présentations habituelles, puis nous partons en deux groupes vers les terrains. Aujourd’hui, une star des réseaux nous accompagne : Johanna Clermont. Nous nous déplaçons vers un très grand chaume de tournesol, le temps est ensoleillé, un léger vent souffle de trois quart face, sans nous gêner. La ligne est longue, nous sommes six aigles et quelques dizaines de suiveurs et autres curieux. Le terrain est plat, peu de végétation, un petit couvert de jeunes tournesols est suffisant pour abriter quelques capucins. Johanna est à côté de moi, nous avançons doucement, soudain une annonce est faite en rebrousse. Je ne vole pas, préférant laisser au voisin plus proche, mais qui ne volera pas non plus. La main est tendue, tout est prêt pour qu’un vol en doublon soit lancé, malgré les consignes strictes. Un deuxième lièvre part aussi en rebrousse à quelques mètres de moi. Je lance Sarembaï qui entreprend très violemment ce lièvre bien musclé. Il remonte assez vite et plonge mais manque à la première attaque, une ressource vent de face le mets à sept ou huit mètres au-dessus du lièvre. Sarembaï plonge de nouveau en zigzagant juste au-dessus est griffe l’animal. Quand j’arrive sur le lièvre, il est mort. Johanna fait quelques images, puis nous commentons ensemble cette action déterminée. Je récompense et range le lièvre dans mon sac à dos et nous reprenons la battue. Un grand virage est lancé pour préparer le retour. Le vent est maintenant pleine face. Sur la droite, Guillaume lance son aigle sur un lièvre qui part contre toute attente vent dans le dos. Son aigle accélère très vite et plonge sur l’animal pour le clouer au sol. Jean-Yves, n’ayant pas entendu Guillaume annoncer son vol, laisse son aigle partir en second. Il rejoint la prise et griffe le lièvre par l’arrière sans blesser celui de Guillaume. Les aigles sont séparés, il n’y a pas de dommage. Guillaume récompense, puis nous reprenons. Melissa qui n’a pas volé pendant cette battue, est prise en main par quelques suiveurs et chasseurs locaux pour faire le champ de l’autre côté de la route  en rejoignant les voitures. Un lièvre se lève dans d’assez bonnes conditions, elle le vole et son aigle poursuit très bien pour plonger et manquer de justesse. Il vient de décoiffer ce lièvre, dommage. Ce petit aigle promet, il est tenace et vif comme l’éclair. Pendant ce temps, le reste du groupe était parti sur des terrains avec plus de chevreuils. Adrian prend un bigout de l’année bien costaud. Stephan, fauconnier allemand, vole une chevrette qui rentre dans un buisson, elle décroche assez rapidement. Rien d’autre ne sera volé par ce groupe ce matin. Comme nous nous habituons très bien à la cuisine locale, ces chasseurs-ci ne dérogeront pas à la règle. Les spécialités locales nous aguichent les papilles, et je peux vous dire que ça fait du bien. L’après-midi, nous nous déplaçons vers une plantation de noisetiers. Les postes sont donnés, nous nous y rendons. Je suis derrière la route entre la ferme et les grands champs qui mènent à la forêt. La traque est difficile, le buisson épais. Un brocard court le long de la clôture basse de l’autre côté de la route, je ne peux pas voler, ne voyant rien d’autre que quelques pointes de bois. Guillaume, bien placé en plein centre, voit un brocard (le même ?) sortir du buisson plein galop. Il déchaperonne et laisse son aigle prendre l’air. Le vol est puissant, décidé. Il griffe le chevreuil par l’arrière pour « grimper » vers la tête. Une fois celle-ci dans ses griffes, l’animal s’arrête net. Il sera servi dans les secondes qui suivent. C’est une magnifique prise, pour un premier chevreuil de cet aigle prometteur. C’est avec cette prise que nous concluons la journée. Deux chevreuils, deux lièvres, le bilan est plutôt positif pour une équipe d’aigliers mixte et internationale. Cela restera un excellent souvenir.

 Saint Cirq :

Nous sommes accueillis par le président de la fédération des chasseurs du Tarn et Garonne et son fils, président de l’ACCA de Saint Cirq. Le café pris nous repartons pour encercler un bois très fourni qui devrait nous offrir quelques beaux vols. Guillaume, après avoir gorgé son aigle la veille, rentre chez lui ce matin après le café. Je suis en poste avec Steve, Kiani, Bart et Jean-Yves. Je suis au coin d’un bois longeant une route très fréquentée, surtout par des cyclistes. Steve est au pied d’une palombière (l’un des traqueurs me dit que c’est le meilleur poste). Kiani est Bart sont plus en arrière au fond d’un champ très grand qui coupe les buissons en deux. Les autres sont de l’autre côté du bois, je ne peux malheureusement pas vous donner leurs positions. Steve hurle « lièvre » ; je regarde partout et ne vois rien. Il longe le bois qui est caché par les arbres de la route. Soudain, je le vois, lui aussi, il stoppe net. Il reprend sa descente en restant du côté où Steve l’a vu. Je déchaperonne Sarembaï qui l’entreprend de bon cœur. Après un crochet mince, il griffe le capucin, je récompense rapidement, pour ne pas gêner les autres aigliers. Jean-Yves est très bien placé, assez haut sur la plaine en pente douce. Il ne coupera rien au poste de Steve. Kiani vole un lièvre comme moi, il prend l’animal et récompense. En fin de traque, une chevrette passe devant moi en remontant la lisière,  la traque pousse l’animal dehors du bois pour couler sur la plaine face à Jean-Yves qui vole instantanément. Un vol long, plané, sans grande conviction. Son aigle abandonne après quatre cents mètres. Un peu plus tard, une annonce de renard est faite ; Nous savons qu’il est très difficile de sortir un renard du bois, à fortiori  sans les chiens. Pourtant, celui-ci sort sous Bart qui le vole rapidement, son aigle coiffe le goupil qui roule. Bart arrive rapidement pour servir et récompenser son oiseau. De l’autre côté du bois, un brocard est volé mais pas pris ainsi qu’une chevrette. Christophe vole une deuxième chevrette que son aigle griffe d’une puissance incroyable. Nous rentrons à la maison des chasseurs pour le casse-croûte habituel. L’après-midi, nous nous postons sur de grands espaces pour fermer un boqueteau où il semblerait que quelques chevreuils soient au repos. Les traqueurs se chargeront de les déloger. Mélissa et Steve sont restés prêt des voitures, Christophe et Jürgen sont contre le petit bois vers la descente sur la rivière. Je suis derrière un petit bois un peu plus à l’écart, face à un champ labouré de deux cents mètres de largeur. Jean-Yves est de l’autre côté de ce même bois, plutôt vers le haut. Un chevrillard de l’année saute devant moi vers le bas, je vole cet animal que Sarembaï entreprend très correctement. Il file vers le chevrillard, monte légèrement comme il sait le faire, puis fond sur le bigout mais ne griffe pas. Pourquoi ? Jamais nous ne le saurons. Le courage qu’il faut à un aigle pour fondre sur un chevreuil de quelque taille qu’il soit, est énorme ; la disproportion des masses est telle que ce courage se manifeste, ou non, sans explication. Ce mystère continue de me fasciner, c’est la raison pour laquelle je continue cette chasse si merveilleuse. Découvrir son oiseau après dix-sept ans de vie commune, c’est toujours un émerveillement. Christophe vole une chevrette sur toute la longueur de la descente vers la rivière. Il ne lui manquera que quelques mètres pour griffer. Mélissa vole un chevrillard qui se défausse le long de la haie en contre-bas. Son oiseau blinque complètement le chevrillard pour entreprendre une chevrette qui file, après avoir coupé cette haie, vers le bois à six cents mètres d’elle. Magnifique vol, très puissant, mais là encore, manque de place. Vraiment dommage. Jean-Yves vole une chevrette qui vient du bois traqué. Elle descend la plaine est l’aigle de J.Y. suit en glissant vers la rivière. Il ne lui manquera que quelques mètres pour griffer. Son oiseau est capable, mais quelque fois son entrain est trop léger. Je crois que Jürgen a aussi volé sur un chevreuil, animal que son aigle ne connaît pas, il n’y en a pas du tout chez lui. Nous arrêterons là-dessus comblés par ces territoires et surtout par ces gens si généreux.

Cette journée clôture magnifiquement ce long week-end de chasse, de convivialité, de rapports fraternels, de nouvelles amitiés verrouillées. Le tableau du dernier jour est de un chevreuil, un renard et deux lièvres pour les aigles. De nombreuses photographies ont été prises tout au long de ces quatre journées, vous en verrez quelques-unes de plus belles.

Au final, les aigliers ont assuré un très beau tableau de proies sauvages prises dans leur milieu naturel pendant ces quatre journées de chasse avec cinq lièvres, un renard et trois chevreuils. Damien aura pris un lièvre le jeudi, il chassait seul en compagnie de quelques chasseurs locaux.

Damien COSTA                                                    Jean-Louis LIEGEOIS

 

        Guillaume AGEDE

       Adrian Van Den EIJNDE

     Bart Van DOOHREN

     Sarembaï sur son lièvre.

                   


(*) : Moules à la paille :

15 kg de moules nettoyées. Du haché d’ails en quantité avec du persil, sel, poivre. 15 kg de paille bien sèche. Quelques feuilles de papier journal humides. Une plancha grande.

Les moules sont disposées en vrac sur la planche qui fait à peu près un mètre sur 70 centimètres. Elle est posée en pente douce pour évacuer le surplus d’eau. On étend les aulx et le persil sur les moules. Peu importe qu’elles soient dans un sens ou dans l’autre, elles sont protégées par la feuille de papier. On étant la feuille de papier sur les moules, puis la paille par-dessus et un par-dessous a épaisseurs égales. On met le feu partout le plus vite possible et on ventile pour échapper les cendres. En quelques minutes, le plat est prêt, il suffit de ramasser avec une pelle large pour aller vite et servir ; c’est un merveilleux accompagnement d’apéritif.

(**) : Partir en rebrousse :

se dit en chasse quand un gibier démarre en sens inverse de la traque. On dit aussi quelque fois en retour.



Le tableau final

Déplacement à Garganvillard

Les aigles à Saint Cirq

Bioule, après le repas sous la pluie.

Johanna Clermont.

Johanna Clermont et Steve Francis

De G à D : Christophe Puzin, Adrian van den Einjden , Kiani Loyson, Jean-Yves Thiefine, Sylvain Gresillon.

Melissa Martin et sont tiercelet.

Portrait de Sarembaï

Sarembaï chaperonné

Guillaume Agede et ses deux prises du jour.

Le tableau à Saint Cirq

Adrian et Steve

En pleine réflexion, Jean-Yves.

Notre président Benoit Labarthe, et Dongseok Woo (Corée)

Steve lance son aigle


L'aigle à Guillaume sur son lièvre
Jean
Jean-Louis Liégeois, rapporteur de ces journées

De G à D : Kiani Loyson, Jean-Louis Liégeois, Adrain Van den EIJNDEN

Sarembaï au poing de J.L.L.